Le marché de l’internet par satellite est en pleine mutation. Entre l’expansion continue de Starlink, le retard du projet Kuiper d’Amazon, la perte de vitesse de Hughesnet et les tensions commerciales au Canada, l’univers de la connectivité satellitaire se complexifie et se mondialise.
Amazon et le projet Kuiper : un retard qui change la donne
Amazon ambitionne de concurrencer Starlink avec son projet Kuiper, une constellation de 3 236 satellites en orbite basse. Initialement prévu pour le premier semestre 2024, le lancement des premiers satellites de production est désormais repoussé au quatrième trimestre 2024, retardant également les tests bêta destinés aux clients commerciaux au début de 2025.

Malgré ce contretemps, Amazon se montre optimiste. La production de satellites à l’usine de Kirkland, Washington, progresse rapidement avec une capacité maximale de cinq satellites construits par jour, grâce à de nouvelles méthodes de test plus efficaces et sûres. L’objectif reste de proposer des services Kuiper à grande échelle en 2025, tout en respectant l’exigence de la FCC d’avoir lancé la moitié de la constellation d’ici juillet 2026.
Ce retard pourrait profiter à Starlink, mais il prépare également le terrain à une concurrence plus intense dans les années à venir. La question pour les consommateurs est désormais : envisageront-ils de passer de Starlink à Amazon Kuiper une fois le service opérationnel ?
Hughesnet face à Starlink : une perte de terrain continue
Hughesnet, pionnier de l’internet par satellite, subit une baisse constante de sa clientèle. Selon EchoStar, sa maison-mère, Hughesnet a perdu 117 000 abonnés au cours de la dernière année, portant son total à 883 000 utilisateurs. Depuis l’arrivée de Starlink, l’entreprise a vu sa base d’abonnés chuter de près de 43 %, passant de 1,56 million en décembre 2020 à moins d’un million aujourd’hui.

Pour contrer cette tendance, Hughesnet mise sur le lancement de son satellite Jupiter 3, mis en service en décembre 2023, offrant jusqu’à 100 Mbps de vitesse. Cependant, la technologie géostationnaire de Hughesnet reste moins performante que les constellations en orbite basse de Starlink, avec une latence pouvant atteindre 700 à 800 ms.
Hughesnet tente également de se repositionner sur le marché professionnel, notamment en fournissant du Wi-Fi en vol pour Delta Airlines, et prévoit que ses revenus issus des entreprises surpasseront ceux du marché grand public en 2024. Malgré cela, la concurrence avec Starlink et le futur Kuiper laisse planer des défis majeurs.
Conflits et enjeux géopolitiques : l’exemple de l’Ontario
La connectivité par satellite n’est pas uniquement un enjeu commercial, mais aussi géopolitique. En février 2025, le Premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a annulé un contrat de 100 millions de dollars avec Starlink en réaction aux tarifs imposés par l’administration Trump sur les exportations canadiennes. Initialement destiné à fournir un accès internet à 15 000 foyers et entreprises, ce contrat illustre comment les décisions politiques peuvent influencer le déploiement de technologies satellitaires.
L’annulation temporaire met en lumière les tensions commerciales entre États-Unis et Canada, et leur impact direct sur les consommateurs et les entreprises locales. Elle montre aussi que le marché de l’internet par satellite reste sensible aux décisions géopolitiques.
Starlink : la référence incontestée
Face à ces défis pour ses concurrents, Starlink continue de dominer le marché mondial avec plus de 4,6 millions d’abonnés actifs, dont 1,4 million aux États-Unis. Sa constellation en orbite basse permet des vitesses de 200 Mbps et une latence très faible (20 à 30 ms), surpassant les solutions géostationnaires de Hughesnet et se positionnant comme la référence pour la connectivité en zones rurales ou isolées.
Starlink ne se contente pas des foyers : son service s’étend aux voyages avec des offres pour les avions (United Airlines, Air France), aux solutions cellulaires via T-Mobile, et bientôt à de nouvelles fonctionnalités directes pour smartphone. Ces innovations, combinées à sa position de leader, renforcent son avantage compétitif face aux projets Kuiper, Hughesnet ou Viasat.
Perspectives et enjeux pour l’avenir
- Concurrence accrue : Kuiper et d’autres projets satellitaires augmenteront la pression sur Starlink et Hughesnet, favorisant une guerre des prix et des innovations technologiques.
- Technologies différenciées : Les constellations LEO (Low Earth Orbit) comme Starlink offrent des avantages indéniables en termes de latence et de couverture, un facteur crucial pour les usages modernes.
- Facteurs géopolitiques : Les décisions gouvernementales, comme celles de l’Ontario, peuvent retarder ou modifier les déploiements, influençant directement l’adoption du service par les consommateurs.
- Adaptation des acteurs historiques : Hughesnet mise sur les clients professionnels et l’amélioration de Jupiter 3, mais reste limité par la technologie GEO.
La bataille de l’internet par satellite ne fait que commencer. Les prochaines années seront décisives pour déterminer quels acteurs réussiront à s’imposer et quels services domineront le marché mondial de la connectivité.
Ce sera la guerre des prix…
Reste que lorsqu’on a investi quelques centaines d’euros en matériel, on ne change pas de fournisseur aussi facilement qu’avec une box ADSL de location ou avec un opérateur mobile. Il faudrait qu’Amazon soit carrément moins cher…